Une évaluation effectuée récemment identifie les conditions dans lesquelles les investissements spécifiques visant à réduire la dégradation du bassin de la Seybouse en Algérie deviennent efficaces et rentables sur le long terme.
Sur la base des données 2012, le coût de la dégradation environnementale du bassin de la Seybouse est estimé en moyenne à 0,2% du PIB de l'Algérie (pétrole et gaz non compris) ; ce coût est en particulier imputable à la dégradation des ressources en eau (73,1% du coût total du bassin de la Seybouse) qui inclut, par ordre d'importance, la quantité d'eau, les maladies dues à l'eau et les sous-catégories de la qualité de l'eau.
Les autres causes majeures de cette dégradation sont :
· Le faible taux de ramassage des ordures et
· L'impact de la pollution de l'air sur la santé dans la région d'Annaba.
Sur la base de l'analyse coûts-bénéfices de différents scénarios liés à trois priorités d'action différentes, à savoir l'efficacité de l'irrigation, la fourniture d’eau potable et d’assainissement en zones rurales, et la gestion des décharges, on peut anticiper ce qui suit :
- En ce qui concerne l'efficacité de l'irrigation : la rentabilité des interventions à large échelle visant à réduire les pertes techniques en eau est certaine et peut avoir un retour d'investissement positif après 4 ans seulement, si l'on compare les coûts d'investissement aux bénéfices résultant de l'augmentation de la production en horticulture et arboriculture.
- Les investissements en assainissement dans les zones rurales - avec ou sans approvisionnement en eau potable - sont rentables sur une durée de 20 ans et réduiraient les maladies hydriques et la pollution des ressources en eau.
- Pour la gestion des déchets solides, et après examen de différents scénarios (comprenant une combinaison des éléments suivants : garantir une station de transfert, le tri, le recyclage, le compostage et l'enfouissement des déchets), seule l'alternative de l'enfouissement combinée à une production d'électricité en silos est profitable par elle-même. Malgré le coût excessif des solutions alternatives de tri et de recyclage, il est suggéré de soutenir la prise de décision à travers une analyse plus approfondie se focalisant non seulement sur des critères de rentabilité mais aussi sur des critères d'économie d'échelle (en regroupant divers Wilayas), sur des critères sociaux, tels que la création d'emplois, la réduction de la pauvreté, etc., susceptibles de justifier de telles interventions.
L'évaluation propose également quatre zones d'intervention pour réaliser une gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin de la Seybouse, sur la base de la performance économique et des coûts de la dégradation :
a. Donner la priorité aux interventions visant à réduire les pertes techniques et financières de l'approvisionnement en eau potable et en services d'irrigation, mais aussi éventuellement à renforcer la gestion de l'eau. Cela inclut par exemple la réhabilitation des réseaux d'eau potable, d'eaux usées et d'irrigation, des changements structuraux (mesures incitatives, tarifs, sensibilisation des usagers, préservation, gouvernance, etc.) et le choix de technologies plus efficaces (en termes économiques, financiers et environnementaux).
b. Se focaliser principalement sur des investissements efficaces en matière de contrôle de la pollution domestique en zones rurales, péri-urbaines et industrielles, négligées dans le passé.
c. Mettre en place un réseau d'information destiné à l'observation et au suivi décentralisés de l'environnement et des ressources naturelles du bassin en partenariat avec des institutions hydriques et environnementales.
d. Une action horizontale pour la gestion intégrée de l'eau dans le bassin versant de la Seybouse qui prendrait en compte les problèmes économiques, environnementaux et sociaux, ainsi que le renforcement de la base de connaissances, des systèmes d'information et l'amélioration des outils d'analyse.
Les résultats de l'évaluation ont été discutés avec les institutions concernées et les parties prenantes algériennes lors d'une consultation nationale à Alger le 26 novembre 2013. Les remarques faites à cette occasion ont été intégrées dans la version finale de l'évaluation disponible en intégralité sur le portail SWIM en français, avec un résumé en anglais. De plus, une note de politique est également disponible en anglais et en français.